LE CHEVAL DU PLEISTOCENE MOYEN DES GROTTES

DE LUNEL-VIEL (Hérault) EQUUS MOSBACHENSIS PALUSTRIS n.ssp.

par Marie-Françoise BONIFAY

Introduction géologique et archéologique

Découvertes aux environs de 1800, et fouillées partiellement vers 1824 par Marcel de Serres, les grottes de Lunel-Viel ont pu être par la suite préservées de la destruction par l'oubli relatif dans lequel elles sont tombées. La reprise des fouilles en 1962 de la grotte n° 1 permit la découverte d'industries humaines lithiques et osseuses et d'importantes structures d'habitat associées à des faunes fossiles abondantes et particulièrement bien conservées. Par ailleurs, ces fouilles permirent de dresser une stratigraphie détaillée des dépôts fossilifères, de dater le gisement préhistorique et paléontologique et de resconstituer l'histoire géologique de ces grottes avec une grande précision. La découverte, en 1971, d'une nouvelle cavité (grotte n° IV) presque aussi développée que la grotte n° 1 (180 m de longueur pour Lunel-Viel I, 120 m pour Lunel- Viel IV) et contenant un remplissage extrêmement riche et à peu près du même âge que celui de la grotte n° 1 (Interglaciaire Mindel- Riss), permit de recueillir une masse énorme de renseignements qui complètent les données acquises au cours des dix campagnes de fouilles précédentes. Depuis 1972, seule l'étude de la grotte n° 1 a été poursuivie.

Avant d'aborder l'étude du cheval de Lunel-Viel, objet de ce travail, il est bon de rappeler le contexte géologique et archéologique dans lequel se trouve le matériel étudié.

1. Stratigraphie du gisement

La grotte n° 1, creusée dans les molasses du Miocène, renferme des dépôts limoneux et graveleux issus du lessivage des formations superficielles fluvio-torrentielles des Gostières du Languedoc d'âge Pliocène supérieur et Pleistocene ancien. Tout au long de la grotte, le gradient granulométrique est très important : fortement chargés de galets et de cailloux au voisinage de l'entrée primitive, les sédiments fossilifères de la grotte n° 1 deviennent de plus en plus fins vers le fond où ils passent rapidement à des limons sableux, varvés, déposés dans un lac souterrain qui s'est développé pendant le Mindel-Riss et a, par moments, occupé la presque totalité de la caverne.

Ces sédiments, qui ont été subdivisés en 14 couches distinctes, ont une épaisseur de 2 à 5 m ; ils reposent sur de puissants dépôts d'argiles rouges stériles (au moins 6 m d'épaisseur) (fig. 1). La zone V de Lunel-Viel se trouve hors de la fouille principale et les raccords stratigraphiques se font indirectement : il semble cependant que les sédiments de la zone V soient un peu plus anciens que ceux de la fouille principale ; ils ont livré de nombreux ossements d'Équidés (fouilles 1974).

Le remplissage de la grotte IV est partiellement contemporain du précédent et comporte deux ensembles sédimentologiquement différenciés : des argiles rouget (a.r.) à la base,

Gallia Préhistoire, Tome 23, 1980, 2.