PERLES MAGIQUES A MADAGASCAR
PAR
Solange BERNARD-THIERRY. Attachée au C.N.R.S.
L'étude des perles de Madagascar peut être envisagée sous plusieurs aspects : archéologique, puisque des explorations de tombeaux et d'abris sous roche ont révélé un nombre appréciable de grains d'enfilage en pierres dures et en verre de plusieurs types г ; historique, puisque depuis l'époque présumée de ces trouvailles jusqu'à nos jours la présence et la circulation des perles dans la Grande Ile semblent avoir été constantes, attestées par les traditions orales et par l'existence de collections privées ; enfin, ethnographique, puisque les perles de verre vendues actuellement par les marchands de médicaments locaux — herbes, graines, morceaux de bois, cailloux, coquillages — ont une valeur magique très vivace, en liaison traditionnelle, devenue plus ou moins précise, avec les « destins » et les interdits qui s'y rapportent.
Ce n'est pas ici notre propos d'étudier les perles de fouilles. D'une part, la description en a été faite ailleurs 2, et d'autre part, en l'absence d'analyses chimiques, il demeure hasardeux d'en déterminer l'origine et l'époque. Toutefois il est impossible de les passer sous silence, car il n'est pas douteux que certaines perles actuelles importées d'Italie perpétuent d'anciens modèles de Venise, et que les imitations de corail et cornaline sont les répliques modernes de leurs aïeules authentiques. Des recherches comparatives ont tout lieu d'être
1. Ces explorations ont été pratiquées à Madagascar par : G. Grandidier (1899) ; Maurein (1904) ; Lucien Millot (1912) ; Gaudebout et Vernier (1941) ; Charles Poirier (1947, 1948, 1949) ; le professeur J. Millot (1947, 1948, 1949). Le pasteur Vernier continue depuis plusieurs années à étudier sur place la nécropole de Vohémar, sur la côte nord-est, centre de fouilles le plus important. Sur la côte nord-ouest, les points explorés se trouvent dans les îles Ambariotelo, à Nosy Manja ou Nosy Lan- gany dans l'estuaire de la Mahajamba. M. Louis Molet a de son côté visité les abris sous roche du district de Befandriana-Nord et ceux du district d'Antsalova, au-dessus du fleuve Manambolo. 2. Cf. Gaudebout (P.) et Vernier (E.), Notes sur une campagne de fouilles à Vohémar, Mission Rasikajy 1941, Bulletin de l'Académie Malgache, t. XXIV, p. 100-114. Des rapports de fouilles inédits de Charles Poirier décrivent de nombreuses perles. En 1958, l'auteur de la présente étude a fait l'inventaire descriptif de la collection des perles de fouilles conservées à l'Institut de Recherches Scientifiques (Sciences Humaines) de Madagascar, à paraître à Tananarive.
Africanistes. 3
