Sei. Géol., Bull., 30, 3, p. 153 -174, Strasbourg, 1977

GENESE DES PHOSPHATES ALUMINEUX A PARTIR DES SEDIMENTS ARGILO-PHOSPHATES DU TERTIAIRE DE LAM-LAM (SÉNÉGAL). SUITE MINËRALOGIQUE.

PERMANENCES ET CHANGEMENTS DE STRUCTURES

René FLICOTEAUX*, Daniel NAHON* et Hélène PAQUET**

Introduction

Dans le bassin sénégalo-mauritanien, les assises sédimentaires du Crétacé supérieur et du Tertiaire contiennent de nombreux niveaux phosphatés (ARNAUD, 1945 ; TESSIER, 1952 ; GORODISKI, 1958 ; SLANSKY, 1962 ; ELOUARD, 1962 et 1973 ; MONCIARDINI, 1966 ; LUCAS et PREVOT, 1975). Au Sénégal occidental, les gites de Taiba et de Lam-Lam sont actuellement exploités. Les travaux de terrassement ont dégagé de belles coupes, permettant des études précises sur les modes de sédimentation et d'altération des séries phosphatées (SLANSKY et al., 1964 ; BOUJO, 1972 ; MENOR, 1975). C'est à la carrière de Lam-Lam (fig. 1) que l'on peut étudier les profils d'altération les plus complets, qui montrent l'évolution des dépôts phosphatés calciques en phosphates alumino-calciques et en phosphates d'alumine.

Lam-Lam est situé sur la bordure orientale du plateau de Thiès. Ce plateau se présente sous la forme d'un haricot dont le hile est occupé par la ville de Thiès. Il est limité à l'Ouest par une cuesta molle et s'abaisse en pente douce vers l'Est et le Nord-Est, s'ennoyant sous les formations sableuses quaternaires du Baol et du Cayor. Les parements des gra¬ dins d'exploitation de la carrière de Lam-Lam ont livré une stratigraphie discutée à maintes reprises (TESSIER, 1950, 1952, 1954, 1965 ; MARIE, 1965 ; BRANCART et FLICOTEAUX, 1971 ; FLICOTEAUX et TESSIER, 1971 ; TES¬ SIER et al., 1976). Les dépôts phosphatés sont datés par micro faune de l'Eocène moyen à l'Oligocène basai. Ils sont surmontés d'un ensemble gréseux cuirassé dont le sédiment originel pourrait avoir été déposé au Miocène moyen.

Les principales phases minéral ogiqu es phosphatées reconnues dans la coupe de Lam-Lam sont la fluor-carbona-te-apatite [Cas (PO4, СОз)з (F, OH)], la crandallite [Ca AI3 (P04)2 (0H)5, H2O], la millisite [(Na, K) Ca AI5 (P04)4 (OH)5, 3 H2O], la wavellite [AI3 (P04)2 (ОН)з, 5 H2O] (CAPDECOMME, 1952 et 1953 ; CAPDECOMME et ORLIAC, 1968 ; TESSIER et al., 1976). Elles ont été mises en évidence par diffraction des RX, par spectrométrie infra-rouge, par analyse thermique différentielle et par analyse chimique. Les formules retenues, ici, pour les phosphates d'alumine