Sei. Géol., Bull., 35, 3, p. 117-127, Strasbourg, 1982

LA MICROFLORE DU PALÉOCÈNE ET DE L ÉOCÈNE DES SÉRIES PHOSPHATÉES DES G ANNTOUR (MAROC)

Marie-Françoise OLLIVIER-PIERRE*

Ce travail s'inscrit dans le cadre des études palynologiques entreprises dans les séries phosphatées du Maroc. Jusqu'à présent, ces recherches ont essentiellement porté sur les dinokystes (DOUBINGER, in Prévôt, Lucas et Doubinger, 1979 ; Rauscher et Doubinger, 1982). L'inventaire du matériel pollinique complète les données acquises et permet de présenter une première image de la flore marocaine au Tertiaire.

Parmi les cinq sondages (sondages 3, 4, 5 bis, 6 et 8) de la bordure occidentale du bassin des Ganntour étudiés par Rauscher et Doubinger (1982) (fig. 1 in ibid.), seuls les sédiments du Paléocène et de l'Eocène inférieur se sont montrés suffisamment riches pour permettre une analyse pollinique. Il a été nécessaire d'utiliser les renseignements fournis par les niveaux les plus fossilifères de trois sondages pour tenter une reconstitution de l'évolution de la flore durant cette période. C'est ainsi que :

— L'Yprésien a été étudié à partir des échantillons prélevés à 152 m, 143 m et 140 m dans le sondage 5 bis. Ils proviennent du membre marno-phosphaté de la série phosphatée et sont attribués approximativement au tiers inférieur de l'Yprésien.

— Le sommet du Thanétien et sa partie moyenne ont été analysés dans le sondage 3 (1 14 m, 121 m et 123 m), alors que l'association pollinique de la base du Thanétien n'a pu être observée qu'à 1 39 m dans le sondage 4.

— L'étude pollinique du Montien a été possible dans le sondage 4 (140 m) correspondant au sommet du Montien.

I — Répartition des principales formes polliniques

(tabl. I)

Quel que soit le niveau, les spores sont toujours absentes. Il n'a pas été possible d'effectuer des pourcentages en raison de la rareté des pollens ; on peut tout au plus proposer une fréquence relative des principales formes ou groupes de formes. La plupart des grains sont mal conservés, déchirés ou usés, à l'aspect inconsistant et «fantomatique ». Les déterminations ont donc été difficiles et beaucoup de formes ont été laissées en nomencla¬ ture ouverte. La pauvreté de la microflore et le mauvais état des grains de pollen pourraient être dus à des conditions de sédimentation particulières : le milieu confiné dans lequel se formaient les phosphorites (Prévôt, Lucas et Doubinger, 1979) peut expliquer l'altération et la destruction partielle du stock pollinique. Il est également possible que l'éloignement des zones de végétation du bassin sédimentaire soit à l'origine d'un tri important du matériel pollinique et de l'usure des grains.